Rêveries d’un collectif de promeneurs
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7 Walks (Rêveries d’un collectif de promeneurs)

Rêveries d'un collectif de promeneurs consiste en une exposition documentaire qui nous permet de démêler la pensée utopique qui a jeté les bases de la nouvelle ville de Louvain-la-Neuve. Notre travail dans différentes archives a mis à jour des documents historiques qui révèlent des récits moins connus que nous pouvons relire à partir du présent. Nous "activerons" ces documents au départ de cinq promenades publiques dans et autour de Louvain-la-Neuve, en compagnie d'invités spécifiques. Rêveries d'un collectif de promeneurs est un projet de recherche artistique qui initie un dialogue sur les biens communs - comme l'eau, la terre et l'art - et leurs relations de propriété et de gouvernance. En tant que tel, il fait partie de 7 Walks, une pratique entamée en 2019. Dans ce nouveau volet, nous élargissons notre approche à une pédagogie alternative autour de la cartographie. Le titre du projet fait référence à l'ouvrage de Jean-Jacques Rousseau (1712 - 1778) Les rêveries du promeneur solitaire, qui est également le nom du sentier pédestre autour du lac de Louvain-la-Neuve. Le livre propose des réflexions sur l'homme et sa relation avec la nature, réflexions que Rousseau a développées au cours de dix promenades. La pensée de Rousseau est à la base d'un nouveau développement de la pédagogie fondé sur l'observation des phénomènes quotidiens dans leur environnement direct. Le débat sur la propriété privée a eu une grande influence sur les philosophes des Lumières au XVIIIe siècle. Rousseau voyait dans la propriété le fondement de la corruption et de l'inégalité entre les Hommes. Pour Voltaire (1694-1778), en revanche, une personne sans propriété ne peut être libre. Il considérait la propriété comme le fondement de la citoyenneté et de toute institution sociale. Les idées de Rousseau sur l'éducation et la propriété ont été reprises bien plus tard dans le domaine de la géographie par Élisée Reclus (1830-1905), un géographe anarchiste qui enseignait à l'Université Nouvelle de Bruxelles entre 1894 et 1905. Reclus était très critique à l'égard de l'utilisation des cartes en 2D. Il estimait non seulement qu'elles déformaient la représentation de la Terre, mais aussi qu'elles étaient biaisées en faveur des individus ou des états puissants qui les avaient commandées.
 Au sein de son Institut géographique de Bruxelles, il a commencé à développer des reliefs et des globes incurvés destinés à être utilisés dans les écoles alternatives. Ces outils représentaient plus fidèlement la surface de la Terre. En outre, sa façon préférée de commencer ses observations était de marcher jusqu'au ruisseau le plus proche, suivant l’idée que nous apprenons "avec la plante de nos pieds", ce qu'il décrit dans son livre Histoire d'un ruisseau (1869). Dans ce livre Reclus décrit l'utilisation de la rivière comme une ressource et la nécessité d'une approche holistique : "Dans nos pays de l'Europe civilisée où l'Homme intervient partout pour modifier la nature à son gré, le petit cours d'eau cesse d'être libre et devient la chose de ses riverains [...]".
 Marcher ensemble permet aux participants d'être directement impliqués dans un exercice de perception relationnelle, ancrée dans le lieu et non hiérarchique. Notre projet 7 Walks accorde une grande importance à cette forme d'expérimentation qui implique immédiatement le public dans le processus. Les participants sont invités à ajouter leurs propres histoires et deviennent ainsi des coproducteurs de la "connaissance située" générée par les promenades. Des experts invités se joignent au groupe pour alimenter les discussions. Raconter des histoires et discuter dans l'espace public favorise un système de valeurs partagées et une meilleure appréciation du bien public. Les espaces publics, c’est-à-dire des forums publics où les gens peuvent facilement se rencontrer, étaient une partie intégrante des projets architecturaux initiaux pour la nouvelle ville de Louvain-la-Neuve (1968). Ces espaces publics devaient être situés sur des dalles en béton conçues pour suivre gracieusement l'ondulation de la vallée de la Malaise. On les appelait le "communautaire". Ils étaient totalement dépourvus de voitures, lesquelles étaient reléguées au niveau inférieur sous la dalle. Les premiers plans du Louvain-la-Neuve, fondés sur des idéaux opposés aux principes abstraits du modernisme, sont directement inspirés des travaux de Patrick Geddes (1854-1932). Biologiste, botaniste et urbaniste Geddes a basé son valley section model (modèle de section de vallée) sur le modèle du bassin hydrographique d'Élisée Reclus. Tous deux étaient favorables à une approche holistique de l'urbanisme, tenant compte des contextes physiques, historiques, politiques et sociaux qui, ensemble, créeraient la ville comme une forme vivante, construite de bas en haut et fermement enracinée dans l'espace et le temps. Les travaux de Reclus et de Geddes ont influencé les cités-jardins anglaises et, plus tard, les New Towns, qui ont également inspiré les urbanistes de Louvain-la-Neuve. Mais cela irait-il au-delà de la ressemblance visuelle ? Ebenezer Howard (1850-1928), qui a développé les cités-jardins, avait des vues assez nouvelles sur les relations de propriété. Afin d'empêcher la spéculation foncière, il a proposé de conserver la propriété des terres dans un fonds commun. De cette manière, l'augmentation de la valeur du terrain serait récupérée et dépensée pour le bien commun. Howard a basé ses idées sur les travaux de l'économiste américain Henry George (1839-1897) qui affirmait que la valeur de la terre est une création sociale plutôt que privée. L'administration de l'UCLouvain a choisi une forme de propriété similaire pour développer la nouvelle ville de Louvain-la-Neuve. Grâce à un prêt du gouvernement belge, l’UCLouvain a pu acquérir 9 kilomètres carrés de terres agricoles. La loi stipulait que ces terres ne pouvaient être vendues pendant les cinquante prochaines années. Elles devaient être exploitées par le biais de baux emphytéotiques de 99 ans accordés à des particuliers et à des promoteurs immobiliers. De cette façon, l’université, en tant que « nue-propriétaire », pouvait garder le contrôle de ce qui allait advenir de ces terres et, par la même occasion, empêcher la spéculation foncière. C’était du moins l’idée initiale.

Contributors

Vermeir & Heiremans (Author)

David Aubin (Initiator)

Véronique Fillieux (Contributor)

Groupe des Archives de la Baraque (Contributor)

Flore Guiot, (Contributor)

Irene Lund (Contributor)

Marlou de Bont (Contributor)

Benoît Van Calbergh (Contributor)

Fonds pour la Recherche-Création of UCLouvain (Funder)

Ruth Kalf (Host)

Frédéric Brodkom (Host)

Vermeir & Heiremans (Initiator)

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